4
L’Éclat de cristal

 

 

Il n’y avait que l’obscurité.

Par bonheur, il ne pouvait pas se souvenir de ce qui s’était passé, ni d’où il était. Il n’y avait que les ténèbres, réconfortantes.

Puis, une brûlure terrible commença à envahir ses joues, l’arrachant à la quiétude de son évanouissement. Petit à petit, il fut contraint d’ouvrir les yeux, mais même en les plissant, le scintillement était par trop intense.

Il était face contre terre, dans la neige. Des montagnes se dressaient tout autour de lui, leurs sommets en dents de scie et leurs couronnes de neige lui étaient familiers. Ils l’avaient laissé seul sur l’Épine dorsale du Monde. Ils l’avaient abandonné là pour le laisser mourir.

La tête d’Akar Kessell palpitait quand il réussit finalement à la relever. Le soleil brillait d’un vif éclat, mais les vents froids et tourbillonnants dissipaient toute once de chaleur émanant de ses rayons. L’hiver régnait en permanence dans ces hauteurs, et Kessell n’était protégé de la morsure mortelle du froid que par de légères tuniques.

Ils l’avaient abandonné là pour qu’il meure.

Il se releva en trébuchant, ses genoux s’enfonçant profondément dans la neige poudreuse, et il regarda autour de lui. Loin en dessous, en bas d’un profond défilé, Kessell vit la caravane de sorciers, petites taches noires se déplaçant vers le nord. Ils commençaient leur long voyage de retour vers Luskan en repartant vers la toundra et les sentiers qui leur permettraient de contourner la sinistre chaîne de montagnes infranchissable. Ils l’avaient dupé. Il comprenait maintenant qu’il n’avait rien été d’autre qu’un pion dans leur plan sournois pour se débarrasser de Morkai le Rouge.

Eldeluc, Dendybar le Marbré et les autres.

Ils n’avaient jamais eu l’intention de lui octroyer le titre de sorcier.

— Comment ai-je pu être aussi stupide ? gémit Kessell.

Des images de Morkai, le seul homme qui lui ait jamais accordé un certain respect, traversèrent son esprit dans un brouillard teinté de culpabilité. Il se souvint de toutes les joies que le sorcier lui avait permis de connaître. Morkai l’avait transformé en oiseau un jour, pour qu’il puisse ressentir la liberté de voler ; et un jour en poisson, pour qu’il puisse faire l’expérience du trouble monde sous-marin.

Et il avait exprimé sa gratitude à cet homme merveilleux avec un coup de poignard.

Loin sur les sentiers en contrebas, les sorciers en partance entendirent son cri d’angoisse déchirant se répercuter sur les flancs des montagnes.

Eldeluc sourit, satisfait que leur plan ait été exécuté à la perfection, et il éperonna son cheval.

 

***

 

Kessell avançait péniblement dans la neige. Il ne savait pas pourquoi il marchait – il n’avait nulle part où aller. Il n’avait aucune échappatoire. Eldeluc l’avait abandonné dans une dépression enneigée en forme de cuvette ; il n’avait aucune chance d’en sortir en escaladant ses flancs car ses doigts étaient si engourdis qu’il ne les sentait plus.

Il tenta de nouveau d’invoquer un feu par sorcellerie. Il leva sa paume ouverte tendue vers le ciel et, en claquant des dents, il incanta.

Rien.

Pas même une volute de fumée.

Alors, il recommença à avancer. Ses jambes lui faisaient mal ; il était presque sûr que plusieurs des orteils de son pied gauche étaient déjà tombés. Mais il n’osa pas enlever sa botte pour vérifier son horrible crainte.

Il commença à refaire le tour de la cuvette, suivant le chemin qu’il avait tracé lors de son premier passage. Brusquement, au milieu, il se surprit à dévier sa course. Il ne savait pas pourquoi et, dans son délire, il ne s’arrêta pas pour tenter de comprendre. Le monde entier était devenu une masse blanche. Une masse floue et gelée. Kessell sentit qu’il tombait. Il sentit de nouveau la morsure glaciale de la neige sur son visage. Il sentit les picotements qui annonçaient l’agonie de ses membres inférieurs.

Puis il sentit… de la chaleur.

Ce fut d’abord imperceptible, mais cela gagnait progressivement en puissance. Quelque chose lui lançait un appel. Quelque chose qui se trouvait en dessous de lui, enterré sous la neige, mais dont Kessell sentait le rayonnement vivifiant même à travers la barrière gelée.

Il creusa. Guidant de ses yeux ses mains, qui ne pouvaient plus sentir ce qu’elles faisaient, il creusa pour sa vie. Puis il tomba sur quelque chose de solide et sentit la chaleur s’intensifier. Luttant pour le dégager de la couche de neige, il finit par réussir à le libérer de sa gangue. Il n’arrivait pas à comprendre ce qu’il voyait, ce qu’il mit sur le compte du délire. Dans ses mains gelées, Akar Kessell tenait ce qui ressemblait à un glaçon de forme géométrique. Pourtant, sa chaleur irradiait en lui, et il sentit de nouveau des picotements, signe cette fois-ci de la résurrection de ses membres.

Kessell n’avait pas la moindre idée de ce qui était en train de se passer, et ne s’en souciait pas le moins du monde. Pour l’instant, il avait trouvé un espoir de s’en sortir vivant, et cela lui suffisait. Il serra l’Éclat de cristal contre sa poitrine et repartit vers la paroi rocheuse du vallon, à la recherche de l’endroit le plus abrité qu’il pourrait trouver.

Sous un petit surplomb, blotti dans un coin où la chaleur du cristal avait repoussé la neige, Akar Kessell survécut à sa première nuit sur l’Épine dorsale du Monde. Son compagnon était l’Éclat de cristal, Crenshinibon, une relique ancienne dotée d’une conscience qui avait patienté durant d’innombrables siècles pour que quelqu’un comme lui apparaisse dans la vallée. De nouveau en éveil, il réfléchissait à présent aux méthodes qu’il allait utiliser pour contrôler le velléitaire Kessell. La relique avait été ensorcelée dans les tout premiers jours du monde, puis elle avait été perdue pendant des siècles, au grand désarroi des seigneurs maléfiques qui couraient après sa puissance.

Crenshinibon était une énigme, une force du mal le plus obscur qui tirait sa puissance de la lumière du jour. C’était un instrument de destruction, un outil pour prédire l’avenir, un abri et un foyer pour qui le brandirait. Mais parmi les pouvoirs de Crenshinibon, le plus important était la puissance dont il dotait son détenteur.

Akar Kessell dormit confortablement, inconscient de ce qui venait de lui arriver. Tout ce qu’il savait – et tout ce dont il se souciait – était que sa vie n’était pas encore parvenue à son terme. Il découvrirait les implications de sa trouvaille plus tard. Il en viendrait à comprendre qu’il ne jouerait plus jamais le rôle de pantin pour des chiens prétentieux tels qu’Eldeluc, Dendybar et les autres.

Il deviendrait l’Akar Kessell de ses rêves, et tous s’inclineraient devant lui.

— Du respect, marmonna-t-il des profondeurs de son rêve, un rêve que Crenshinibon lui imposait.

Akar Kessell, le tyran de Valbise.

 

***

 

Kessell se réveilla à l’aube – une aube qu’il pensait ne jamais voir. L’Éclat de cristal l’avait préservé pendant la nuit, mais il avait fait bien plus que de simplement l’empêcher de geler. Kessell se sentait étrangement changé ce matin. La nuit précédente, il ne s’était soucié que du nombre de jours qui lui restaient, se demandant combien de temps il pourrait simplement survivre. Mais maintenant, se posait la question de son avenir. La survie n’était plus un problème ; il sentait la force couler dans ses veines.

Un cerf à queue blanche bondit le long du rebord de la cuvette.

— Du gibier, chuchota intelligiblement Kessell. Il pointa son doigt dans la direction de sa proie et incanta, ressentant des picotements d’excitation tandis qu’il sentait des vagues de pouvoir déferler dans son sang. Un éclair blanc et brûlant jaillit de sa main, abattant le cerf sur place.

— Gibier, déclara-t-il, soulevant mentalement l’animal dans les airs et le ramenant vers lui sans même y penser, alors que la télékinésie était un sort qui ne faisait même pas partie du répertoire de son professeur. Le cristal ne l’aurait de toute façon pas laissé faire, mais Kessell le cupide ne s’arrêta même pas pour réfléchir à l’apparition soudaine de capacités qui, à son sens, s’étaient fait longtemps attendre.

Maintenant, il avait de la nourriture, et la chaleur du cristal. Mais un sorcier devrait aussi avoir son château, raisonna-t-il. Un endroit où il pourrait s’exercer aux plus noirs secrets de la magie sans être dérangé. Il regarda le cristal à la recherche d’une réponse à son problème et trouva un second cristal identique posé juste à côté. Instinctivement, pensa-t-il (bien qu’en réalité il soit guidé par une autre suggestion de Crenshinibon), Kessell comprit le rôle que l’objet avait à jouer pour exaucer sa requête. Il distingua immédiatement lequel était l’Éclat original par la chaleur et la force qu’il dégageait, mais le second cristal l’intriguait tout autant, recélant lui aussi une aura de pouvoir impressionnante. Il prit la copie de l’Éclat de cristal et la porta au centre de la cuvette, le déposant sur la neige épaisse.

— Ibssum dal abdur, marmonna-t-il sans savoir pourquoi, ni même ce que cela signifiait.

Kessell recula quand il sentit s’accroître le pouvoir qui habitait l’image de la relique. Il captait les rayons du soleil et les attirait dans ses profondeurs. La zone qui entourait le vallon sombra dans les ténèbres tandis que le cristal volait littéralement la lumière du jour, palpitant au rythme d’une lueur intérieure.

Puis il commença à grandir.

Sa base s’élargit, remplissant presque la cuvette, et pour un instant Kessell craignit d’être écrasé contre les parois rocheuses. En parallèle à l’élargissement du cristal, sa pointe s’éleva dans le ciel du matin, tout en conservant les mêmes proportions que la source de son pouvoir. Enfin, ce fut terminé, le second éclat était toujours la copie fidèle de Crenshinibon, mais avec des dimensions gigantesques.

Une tour de cristal. D’une façon ou d’une autre – de la même façon en tout cas dont Kessell savait tout de l’Éclat de cristal –, il connaissait son nom.

Cryshal-Tirith.

 

***

 

Kessell se serait contenté, pour l’instant, du moins, de rester à Cryshal-Tirith en se nourrissant des animaux infortunés qui s’aventuraient dans les parages. Il venait d’un milieu de paysans sans ressources et sans ambitions, et bien qu’il se soit toujours targué d’être ambitieux, il était intimidé par le pouvoir. Il ne comprenait pas pourquoi ceux qui s’étaient rendus célèbres s’étaient élevés au-dessus de la plèbe, et il s’était même menti à lui-même, prétendant que les succès des autres et, inversement, ses propres échecs n’étaient que le fait aléatoire du hasard.

Maintenant que le pouvoir était entre ses mains, il n’avait pas la moindre idée de ce qu’il pouvait bien en faire.

Mais Crenshinibon avait patienté trop longtemps pour gaspiller son retour à la vie en se contentant de servir de pavillon de chasse à un humain chétif. Le côté pâlot de Kessell était en fait un atout du point de vue de la relique. Après un peu de temps, il pourrait le persuader, grâce à ses suggestions nocturnes, de suivre à peu près n’importe quelle ligne de conduite.

Et Crenshinibon avait le temps. La relique était impatiente de goûter de nouveau au frisson de la conquête, mais quelques années ne paraissaient pas bien longues à un artefact qui avait été créé à l’aube du monde. Il modèlerait l’empoté Kessell en un digne représentant de sa puissance, élèverait l’homme faible d’une main de fer pour qu’il délivre au monde son message de destruction. Il avait déjà procédé ainsi une bonne centaine de fois dans les toutes premières luttes qui déchirèrent le monde, créant et élevant quelques-uns des plus redoutables et cruels adversaires de la loi dans chacun des différents plans d’existence.

Il pouvait recommencer.

Cette même nuit, Kessell, qui dormait au premier étage confortablement décoré de la tour, fit des rêves de conquêtes. Il ne rêva pas de violentes campagnes menées contre une ville comme Luskan, ni même d’une campagne d’envergure contre une implantation frontalière comme les villages des Dix-Cités, mais d’une conquête moins ambitieuse et plus réaliste pour commencer à asseoir son royaume. Il rêva qu’il avait asservi une tribu de gobelins, et qu’il les utilisait comme personnel de maison, prenant en charge le moindre de ses besoins. Quand il se réveilla le matin suivant, il se souvint de son rêve et s’aperçut que l’idée lui plaisait.

Plus tard dans la matinée, Kessell explora le deuxième étage de la tour. Comme les autres, c’était une pièce entièrement constituée de cristal lisse et dur, mais elle était remplie de divers miroirs. Tout à coup, une pulsion l’envahit, qui le poussa à faire un certain geste et à incanter. Il supposa qu’il avait entendu les paroles occultes en présence de Morkai. Il suivit son inclination et regarda avec stupéfaction la dimension reflétée par les profondeurs de l’un des miroirs de la pièce se transformer subitement en un brouillard grisâtre et tourbillonnant. Quand il finit par s’éclaircir, une image apparut clairement.

Kessell reconnut l’endroit représenté comme étant une vallée à proximité du chemin qu’ils avaient emprunté quand Eldeluc, Dendybar le Marbré et les autres l’avaient abandonné pour le laisser mourir.

Une tribu de gobelins était occupée à y bâtir un campement. C’étaient probablement des nomades, car les troupes guerrières emmenaient rarement leurs femelles et leurs jeunes dans leurs raids. Des centaines de grottes ponctuaient les flancs de ces montagnes, mais elles n’étaient pas assez nombreuses pour abriter toutes les tribus d’orques, de gobelins, d’ogres et de monstres encore plus puissants. La lutte pour décrocher une tanière était féroce, les tribus de gobelins de moindre importance n’avaient généralement d’autre choix que de camper à l’air libre, d’être réduites en esclavage ou bien d’être massacrées.

— Quel heureux hasard, songea Kessell, se demandant si le thème de son rêve avait été une coïncidence ou une prophétie. Sur une autre impulsion soudaine, il projeta sa volonté vers les gobelins à travers le miroir, et fut surpris par ce qui en résulta.

D’un seul et même mouvement, les gobelins se tournèrent, apparemment troublés, dans la direction de la force invisible. Les guerriers dégainèrent leurs massues et leurs haches à tête de pierre avec appréhension, et les femelles et les enfants se blottirent à l’arrière du groupe.

Un gobelin plus grand que les autres, probablement leur chef, tenant sa massue devant lui de façon défensive, fit quelques pas prudents devant ses soldats.

Kessell se gratta le menton, méditant l’étendue de son nouveau pouvoir.

— Viens à moi, lança-t-il au chef des gobelins. Tu ne peux pas résister !

 

***

 

La tribu arriva au vallon peu de temps après, restant à une distance respectable de la tour comme ils tentaient de comprendre d’où elle avait bien pu venir. Kessell les laissa s’émerveiller devant la splendeur de sa nouvelle demeure, puis lança un nouvel appel au chef, obligeant le gobelin à s’approcher de Cryshal-Tirith.

Contre sa volonté, l’énorme gobelin s’éloigna à grandes enjambées des rangs de sa tribu. Bien que luttant à chaque pas, il marcha droit vers la base de la tour. Il ne pouvait voir aucune porte, car l’entrée de Cryshal-Tirith était invisible pour tous, excepté pour les habitants des autres plans d’existence et pour ceux que Crenshinibon ou son porteur autorisait à entrer.

Kessell guida le gobelin terrifié jusqu’au rez-de-chaussée de l’édifice. Une fois à l’intérieur, le chef resta parfaitement immobile, ses yeux scrutant nerveusement les alentours à la recherche d’un indice sur la force irrésistible qui l’avait obligé à se rendre dans cette éblouissante construction de cristal.

Le sorcier (un titre dont pouvait se targuer le détenteur de Crenshinibon, même si Kessell n’avait jamais été capable de le mériter) fit patienter le gobelin un bon moment, laissant monter la peur qu’il ressentait. Puis, il apparut au sommet de la cage d’escalier devant un miroir, en fait une porte secrète. Il baissa les yeux vers l’infortunée créature, émettant un ricanement jubilatoire.

Le gobelin se mit à trembler de façon visible quand il vit Kessell. Il sentit la volonté du sorcier qui s’imposait de nouveau à lui, le forçant à se mettre à genoux.

— Qui suis-je ? demanda Kessell tandis que le gobelin se prosternait en gémissant.

La réponse du chef fut arrachée de ses tripes par un pouvoir auquel il ne pouvait résister.

— Tu es mon maître.

L'Éclat de Cristal
titlepage.xhtml
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_000.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_001.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_002.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_003.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_004.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_005.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_006.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_007.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_008.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_009.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_010.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_011.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_012.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_013.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_014.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_015.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_016.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_017.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_018.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_019.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_020.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_021.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_022.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_023.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_024.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_025.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_026.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_027.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_028.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_029.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_030.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_031.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_032.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_033.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_034.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_035.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_036.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_037.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_038.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_039.html
Salvatore.Legende de Drizzt.EclatDe Cristal.2009_split_040.html